2013
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Enrico Fenzi, « Petrarca e l'esilio : uno stile di vita », Arzanà. Cahiers de littérature médiévale italienne, ID : 10.3406/arzan.2013.1044
Pour mieux définir la «dimension d'exil » chez Pétrarque, dont on sait bien qu'il n'a jamais été un exilé, il s'agit d'abord de dégager sa notion de patrie, car il n'y a pas chez lui de tension dialectique entre la patrie-monde de la pensée stoïcienne, ou la patrie céleste de la tradition chrétienne, et la "petite patrie" d'origine ou d'appartenance. Si l'Italie est la seule patrie qu'il s'attribue, c'est qu'il songe à l'Italie autre dont il construit le mythe (à l'image de la Rome antique) et qu'il oppose violemment à la dégradation du présent. Il en va de même de son activité politique de diplomate, dans laquelle il s'engage (auprès des Visconti, notamment) mais sans jamais s'identifier à un parti, voire à une patrie : en sauvegardant toujours son espace de liberté, son autonomie de mouvement dans les domaines qui lui sont propres. Pétrarque dépasse en fait les concepts médiévaux d'exil/bannissement, d'un côté, les catégories universelles qui en sont la contrepartie, de l'autre, au nom de la revendication d'un droit individuel de "fuite", qu'il pratique cependant non pas dans l'espace mais dans le temps : dans un autoexil qui est, pour l'intellectuel moderne dont il bâtit et impose la figure, tout à la fois un droit et une obligation morale.