2012
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Frédéric Julien et al., « Anthropomorphisme et hydrocentrisme dans la thèse des guerres de l'eau : les racines d'un improbable scénario du pire (Anthropomorphism and hydrocentrism in the water wars thesis : the roots of an improbable worst-case scenario) », Bulletin de l'Association de Géographes Français, ID : 10.3406/bagf.2012.8244
On prédit depuis une trentaine d'années l'éclatement prochain de guerres interétatiques pour le contrôle de l'eau, une ressource dont la rareté serait grandissante. Les deux piliers sur lesquels repose cette thèse sont 1) la personnification de l'État, ce qui implique d'incompressibles besoins biologiques en eau ; et 2) la conception de l 'eau comme de l '«or bleu » ou «notre plus précieuse ressource », qui ne pourrait donc qu 'être première parmi les préoccupations des États. Un tel schéma de pensée anthropomorphiste et hydrocentriste mène à mésinterpréter le caractère vital de l'eau à l'échelle d'une société et ignore les nombreuses considérations non hydrauliques limitant l'attrait de la guerre comme outil de gestion de la pénurie d'eau. La fréquence avec laquelle la thèse des guerres de l'eau est évoquée dans l'espace public et la crédibilité qui lui est accordée semblent donc sensiblement exagérées.