2019
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Nicolas Cane, « Temples, Inscriptions and Historical (Re)construction: The “Epigraphical Persona” of the Cōḻa Queen Cempiyaṉ Mahādevī (Tenth Century) », Bulletin de l'École française d'Extrême-Orient, ID : 10.3406/befeo.2019.6295
Prenant pour point de départ un bronze exposé par la Freer Gallery de Washington (D. C.) en tant que représentation de la souveraine Cempiyaṉ Mahādevī, l’article propose une réflexion sur la construction historiographique de cette reine Cōḻa du Xe siècle, destinée à illustrer la fréquente omnipotence des données épigraphiques dès lors qu’il s’agit d’interpréter la culture matérielle. Épouse et mère de souverains Cōḻa, Cempiyaṉ Mahādevī est unanimement saluée comme l’une des grandes figures historiques de l’Inde du Sud médiévale, une reine qui « s’est taillée une place » dans l’Histoire grâce à un impressionnant patronage des lieux saints du shivaisme tamoul. L’on sait moins que sans les nombreuses inscriptions pariétales recueillies depuis le tournant du XXe siècle avec le lancement par l’Agence de recensement archéologique du Raj britannique d’un programme d’épigraphie du sud de l’Inde, l’existence et le destin de la « reine mère de la maison Cōḻa » nous seraient demeurés inconnus. L’article vise ainsi à démonter les stratégies d’interprétation mises en place par les générations successives d’érudits cherchant à dialoguer avec ce corpus de témoignages épigraphiques largement inédit et dispersé ; des stratégies interprétatives qui ont conduit à l’élaboration et la diffusion dans la littérature secondaire de ce que l’on peut appeler une persona épigraphique bien particulière.