2010
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Yaramila Tcheremissinoff et al., « Nouvelles sépultures individuelles du Bronze ancien dans le Sud de la France : contextes et problématiques », Bulletin de la Société préhistorique française, ID : 10.3406/bspf.2010.13931
C’est la découverte de deux sépultures du Bronze ancien au sud de Toulouse (Canségala, Le Vernet, Haute-Garonne) qui est à l’origine de cet article. Depuis la fouille (2005), quelques collègues nous ont transmis d’autres découvertes qu’il a semblé utile d’intégrer et de remettre en contexte. En effet, les sépultures individuelles de cette période restent très rares en Languedoc et les sépultures en jarres étaient inconnues jusqu’ici. La première sépulture de Canségala a été réalisée pour un adulte, probablement une femme. La sépulture en jarre, qui concerne un nourrisson, était implantée à une distance d’environ 8 m. Il avait été inséré par le siège, au sein d’un contenant dont la facture ne diffère pas de celle des productions domestiques. Quelques éléments de nature détritique (tessons, faune) issus d’une structure proche permettent de préciser le contexte de leur implantation. Leur découverte documente en effet une probable association funéraire au sein d’une aire domestique. Quant à la sépulture en jarre, elle permet l’évocation de plusieurs influences. Les seules comparaisons proches concernent des sites du Massif central (Auvergne) (Loison, 2003). Ces vases-sépultures de nourrissons peuvent être intégrés soit dans des aires domestiques soit dans des aires funéraires. Concernant les sépultures individuelles, elles demeurent rares dans le Sud de la France. En effet, la tradition chalcolithique des sépultures plurielles en coffres lithiques ou cavités y demeure vivace jusqu’au Bronze moyen. Les quelques sépultures individuelles (en silos ou en fosses spécifiques) ne semblent pas intégrées dans des cimetières, mais épouser un maillage diffus, peut-être lié à des cellules d’habitations, comme cela est attesté en Auvergne. Concernant la chronologie, les sépultures en fosses domestiques paraissent, pour l’instant, plutôt liées à la phase émergente du Bronze ancien, mais on connaît également à cette période des fosses spécifiques, clairement architecturées dans la vallée du Rhône. Les rares vases-sépultures recensés paraissent par contre tous se rapporter à un Bronze ancien plutôt évolué. Cette attribution semble être la même à plus large échelle, sur des sites où cette pratique est bien connue, comme pour le prestigieux gisement d’El Argar (phase 2, 1900 à 1600 cal. BC), (Siret et Siret, 1887 ; Cauwe dir., 2003), dans le Sud-Est de l’Espagne ou pour les sites sous abri de la vallée de l’Adige, dans les Alpes italiennes (Perini, 1971 et 1975 ; Nicolis, 1996 et 2004). Un des documents intégrés dans l’article, qui concerne un dépôt funéraire sous abri dans les Préalpes provençales (Les Baguarettes à Ménerbes, Vaucluse), permet de proposer une convergence avec les ensembles italiens, qui sont peut-être chronologiquement les plus précoces parmi les comparaisons proposées. Ceci ne suffit pas pour proposer une origine alpine du phénomène, ce domaine ne pouvant constituer qu’un relais régional par rapport à des influences encore plus éloignées. Ce qui complique la recherche d’une éventuelle genèse est que des sépultures de jeunes enfants en jarres sont également connues localement à la fin du Néolithique… Mais une origine locale n’est pas non plus convaincante, car un important hiatus documentaire demeure pour le Campaniforme et le Bronze ancien I. À cette étape, nous pouvons juste constater que l’utilisation d’un vase comme «matrice » d’inhumation pour les jeunes enfants a pu être sporadique à la fin du Néolithique avant d’être réellement ritualisée à travers de nouvelles influences lors du développement du plein Bronze ancien.