2013
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Ariane Aujaleu et al., « Un ensemble funéraire du début du Bronze final à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) : les sépultures secondaires à crémation du site du Conservatoire », Bulletin de la Société préhistorique française, ID : 10.3406/bspf.2013.14322
Une fouille d’archéologie préventive réalisée dans le cadre du programme de requalification des quartiers sud de la ville d’Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), sur une parcelle destinée à accueillir le futur conservatoire de musique et de danse, a mis au jour un ensemble de tombes à crémations secondaires attribuables au début de l’âge du Bronze final. Cette découverte illustre une pratique peu documentée dans la moitié sud de la France à cette époque. Les fosses sépulcrales, de petites dimensions, abritent exclusivement l’urne cinéraire, laquelle contient les restes osseux d’un seul individu, sans aucun résidu du bûcher crématoire, ainsi que parfois de petits fragments d’os de faune. En ce qui concerne le mode de fermeture des tombes, il faut restituer un système aménagé avec un petit tumulus de galets reposant sur la couverture de l’ossuaire lui-même, une lauze calcaire dans un cas et des protections en matériau périssable pour les trois autres. La présence de ces petits tertres recouvrant la fosse sépulcrale peut, par ailleurs, être interprétée comme un dispositif de signalisation. Il faut enfin mentionner la présence d’une jarre écrasée en place, à proximité de l’une des tombes, interprétable comme un dépôt funéraire. L’étude anthropologique indique une collecte partielle des restes osseux sur la structure primaire de crémation. On observe cependant une grande variabilité entre les différentes tombes quant à la masse prélevée et quant à la sélection des segments anatomiques. La typologie des urnes les place dans une phase avancée du Bronze final I, au XIIIe siècle avant J.-C., ce que confirment en partie des datations 14C effectuées sur les carbonates présents dans les os brûlés. D’autre part, l’étude des gestes funéraires concourant à la structuration des tombes montre une parenté certaine avec les nécropoles contemporaines, datées du Bronze récent II, du Nord-Ouest de l’Italie et en particulier avec le cimetière de Canegrate en Lombardie. Ce nouvel ensemble funéraire vient donc confirmer une origine transalpine de la pratique de la crémation dans le Sud-Est de la France au début du Bronze final. Il en constitue par ailleurs le témoin le plus occidental. Contrairement aux découvertes de Provence orientale, la nécropole du Conservatoire présente toutefois la spécificité de se trouver dans une zone où l’impact des traditions céramiques d’Italie du Nord est beaucoup moins marqué dans la culture matérielle. Si la pratique funéraire identifiée est d’affinité italienne, les urnes s’inscrivent plutôt dans une tradition stylistique locale. On assiste donc à une acculturation partielle, qui illustre bien le caractère tampon de la région bas-rhodanienne durant cette période, qui se trouve aux confins des influences des cultures du Nord et du Sud des Alpes. Cette découverte invite enfin à s’interroger sur la place de la crémation au sein des pratiques funéraires des populations méridionales au début du Bronze final. En effet, les rares sépultures de ce type étaient exclusivement connues dans les régions alpines, proches de l’Italie. Si bien qu’elles avaient pu être interprétées comme des tombes de défunt au statut particulier ou comme le résultat de mobilités individuelles. On peut à présent se demander si la documentation actuelle est proche de la réalité, ou si elle ne dépend pas au contraire d’une difficulté à identifier les petits ensembles funéraires du type de celui mis au jour à Aix-en-Provence.