Situations monoparentales à la Martinique et idéal sacrificiel du potomitan

Résumé En Fr

Single-parents families in Martinique and sacrificial ideal of potomitan. In Martinique, where single-parent families account for more than half of family households with children, it is the birth outside of conjugal cohabitation that is the main cause of their occurrence. This particularly high incidence of single parenthood and its earliness in the lives of both mothers and children invites us to question the specificities of family forms in the West Indies, the ways in which families, and more particularly single-parent families, are formed, as well as the parenthood norms in the Caribbean area. When, often, the birth does not lead to conjugal life, the sacrificial ideal of the West Indian potomitan single mothers leads them, as to feed their children, to mobilize above all their courage, sometimes with the matrifocal hospitality of their mother and the hazardous help of visiting or absent fathers, navigating between men who aid (often leaving another child) and the relief of a Welfare State from which they have long been excluded and which, now, hardly makes them come out of the area of poverty and social exclusion. This sacrificial ideal is now disputed.

À la Martinique, où les familles dites «monoparentales » représentent plus de la moitié des ménages familiaux avec enfant, c’est la mise au monde d’un enfant hors cohabitation conjugale qui constitue le principal fait générateur des situations d’isolement parental. Cette incidence particulièrement élevée de la monoparentalité et sa précocité dans la vie des mères comme dans celle des enfants invitent à s’interroger sur les spécificités des formes familiales antillaises, sur les modes de constitution des familles, et plus particulièrement des familles monoparentales, ainsi que sur les normes en matière de conjugalité et de parentalité dans l’espace caribéen. Lorsque, fréquemment, la mise au monde ne conduit pas à la mise en couple, l’idéal sacrificiel des potomitan antillaises les conduit, pour nourrir leurs enfants, à mobiliser avant tout leur propre vaillance avec, parfois, l’hospitalité matrifocale de leur mère et les dons aléatoires de pères visiteurs ou absents, naviguant entre le recours à des hommes qui aident (souvent contre un nouvel enfant) et le recours à un État-providence dont elles ont d’abord été exclues et qui, très présent aujourd’hui, ne les fait guère sortir de la pauvreté et de l’exclusion sociale. Cet idéal sacrificiel fait toutefois aujourd’hui l’objet de contestations.