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Catherine Guerin et al., « Ilakaka (Madagascar) : la ruée vers le saphir », Les Cahiers d'Outre-Mer, ID : 10.3406/caoum.2000.3769
Attirés par le rêve d'une fortune rapidement acquise, des pionniers malgaches, par dizaines de milliers, ont afflué depuis octobre 1998, vers le hameau jusqu'alors inconnu d' Ilakaka, au sud-ouest de Madagascar, pour exploiter un immense gisement de saphirs. Ils ont été suivis par les représentants du commerce du saphir, plaçant ainsi la localité au cœur de flux à échelle interna¬ tionale. Sur l'une des deux principales routes du pays, la RN 7 qui va de la capitale Antananarivo à Toliara (Tuléar) au bord du canal du Mozambique, une ville-champignon est en plein essor, corrélativement au développement rapide du front pionnier minier. Celui-ci, avec ses terrils, ses tranchées et ses cahutes de bois, de bric et de broc, laboure littéralement sur des dizaines de kilomètres la vaste savane naguère quasiment vide d'hommes. L'anarchie paysagère caractérise ainsi Ilakaka, de même que l'économie interlope. Dans ce, far west , les ébauches de régulation sont encore rares et fragiles, alors que les saphirs enrichissent leurs acquéreurs étrangers sans bénéficier aucunement à Madagascar et que les petits prospecteurs creusent au péril de leur vie dans des conditions de travail et d'habitat extrêmement précaires et difficiles. L'extension incontrôlée du front minier représente en outre une menace pour l'environnement local, en particulier pour le parc national de l'Isalo voisin, premier centre éco-touristique de Madagascar.