2013
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Glen Warren Bowersock, « Les anges païens de l’Antiquité tardive », Cahiers du Centre Gustave Glotz, ID : 10.3406/ccgg.2013.1793
L’Orient méditerranéen préislamique a connu de nombreuses formes de paganisme, enracinées dans les traditions locales et coexistant avec le monothéisme juif et chrétien. Le paganisme se manifestait parfois par le biais d’une hiérarchie de dieux, au sein de laquelle une divinité suprême pourrait suggérer l’existence d’une sorte de monothéisme païen. Cependant, tous les païens vénéraient plus d’un seul dieu, sans former un ensemble social cohérent pour autant. Dans le Coran, Mohammed fait allusion aux mushrikūn, le plus souvent considérés comme des païens ou des polythéistes car ils «partageaient » les cultes de dieux différents, même si ce point de vue a été contesté récemment. Étant donné que les anges des cultes païens préislamiques signalent des concepts de médiation divine différents de ceux des religions monothéistes, la présente étude porte sur la dénomination et la nature des anges chez les polythéistes, dans les contextes à la fois sémitiques et gréco-romains. Il arrivait que les anges soient eux-mêmes des dieux. Naturellement, cela complique la vision d’une hiérarchie qui en ferait les subordonnés ou les composantes d’un dieu suprême. L’analyse de mots tels que angelos, en grec, ou malak, en arabe, rapprochée des témoignages épigraphiques et littéraires disponibles, confirme le polythéisme des païens, au premier chef parmi les contemporains de Mohammed.