2010
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Virginie Roiron, « De Londres à Singapour : la longue marche du Commonwealth vers l’institutionnalisation », Cahiers Charles V, ID : 10.3406/cchav.2010.1565
La Déclaration de Londres, adoptée en 1949 par les membres du Commonwealth, est aujourd’hui considérée comme le point de départ de ce que l’on appelle communément le «Commonwealth moderne». En acceptant d’accueillir une république au sein du Commonwealth, la Déclaration de Londres éliminait le dernier lien formel qui unissait ses membres aux institutions de l’ancienne puissance impériale, l’allégeance à la Couronne. Cet article entend montrer qu’un tel changement ne fut pas accompagné d’une évolution immédiate dans la manière dont les membres du Commonwealth définissaient l’organisation et leur relation à l’ancienne puissance impériale. Dès lors, la Déclaration de Londres inaugurait surtout une période de grande incertitude pour l’avenir du Commonwealth, sur fond de décolonisation et d’augmentation drastique du nombre de ses membres. C’est au cours des crises majeures auxquelles le Commonwealth fut confronté que furent posés les jalons d’une véritable définition commune du sens de l’association. En libérant le Commonwealth de l’emprise de leur passé impérial, les membres permirent sa transformation en une véritable organisation internationale indépendante. Parce qu’elle avait rendu l’évolution possible, sans toutefois la garantir, la Déclaration de Londres est devenu un mythe fondateur, effaçant, dans sa belle unanimité déclarative, les confrontations et enjeux de pouvoir qui marquèrent le long processus d’institutionnalisation du Commonwealth.