2003
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Françoise Gaspard, « La politique de l'abbé Suger de Saint-Denis à travers ses chartes », Cahiers de Civilisation Médiévale, ID : 10.3406/ccmed.2003.2857
De tous les écrits de Suger, abbé de Saint-Denis (1081-1151), les moins connus sont les chartes et les lettres. Il ne nous reste que seize chartes, expédiées par Suger, et soixante et une le concernant. Une analyse du discours diplomatique de ces chartes, du vocabulaire, de la langue et du style, est révélatrice des idées politiques de l'abbé, dans son action pour l'Église et pour l'État. On reconnaît la plume de l'abbé dans des documents dont il n'est pas l'expéditeur : pour son abbaye (dès 1108) et pour le roi. La fondation d'anniversaires royaux : celui de Dagobert, de Louis VI (de son vivant) et de Charles le Chauve, lui permet de faire représenter et célébrer les trois dynasties dans l'abbaye. Les actes royaux rédigés par Suger révèlent ses conceptions sur la fonction royale, de plus en plus souveraine et soumise à l'abbaye : dépôt de la couronne du roi, levée de l'étendard du Vexin, jusqu'au faux diplôme de Charlemagne, actes fondateurs de la vassalité du roi à l'égard de Saint-Denis. N'ayant pu obtenir les couronnements royaux dans son église, l'abbé change de politique et se consacre à l'abbaye. On reconnaît ensuite sa présence dans la rédaction des actes de Louis VII jusqu'en 1146. Ensuite l'abbé sera mobilisé, contre son gré, par la régence du royaume, devenu grâce à lui un Etat souverain.