De Čackij à Hlestakov : Les métamorphoses de l'esprit dans Gore ot uma de Griboedov

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1989

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Jean Bonamour, « De Čackij à Hlestakov : Les métamorphoses de l'esprit dans Gore ot uma de Griboedov », Cahiers du Monde Russe, ID : 10.3406/cmr.1989.2188


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Résumé En Fr

Jean Вonamour, From Chatskii to Khlestakov: the metamorphosis of wit in Griboedov's Gore ot uma. Woe from wit continues to be "an enigma not yet completely deciphered" (Blok). Both the title of the play and certain confidences made by the author seem to hint at a "philosophical" purpose, of a general, universal value. However, commentators do not find any trace of that trend in the play which remains a satirical comedy of social-political significance. The discrepancy between interpretations is to be linked to the very structure of the play itself. The play is not a comedy in spite of its borrowing certain elements from the genre to incorporate them in a complex system of polemics and play with the tradition of the comedy. On account of the free play with various traditional devices, Woe from wit can be considered as "a theatrical poem" which by its very essence favours rhythm and speech.

Jean Bonamour, De Čackij à Hlestakov. Les métamorphoses de l'esprit dans Gore ot uma de Griboedov. Le malheur d'avoir de l'esprit reste une « énigme incomplètement déchiffrée » (Blok). Le titre de la pièce, certaines confidences de l'auteur semblent faire allusion à une visée « philosophique » (de valeur générale, universelle) dont les commentateurs ne retrouvent pas trace dans l'œuvre, comédie satirique à portée socio-politique. Cette instabilité des schémas interprétatifs n'a pas à faire l'objet d'un débat (qui a toujours été tranché par les « doctes » concluant à l'absence d'« idée philosophique »). Il faut la rapprocher de l'instabilité même, souvent remarquée, des structures de la pièce. Celle-ci n'est pas une comédie : si elle emprunte des éléments au genre, c'est pour les inclure dans un système complexe de polémique et de jeu avec la tradition de la comédie ; de la même façon, les thèmes satiriques constituent le plus souvent la matière du discours mais non sa finalité. Ce libre jeu à partir d'éléments traditionnels (de toute nature : tradition théâtrale, thèmes satiriques, registres stylistiques, etc.) constitue le «poème scénique» (l'expression est de Griboedov) qui, par essence même, privilégie le rythme et le langage. Le « poème » n'est pas une vérité cachée à l'intérieur de la pièce, il n'existe, comme la pièce elle-même, que dans la tension dialectique avec celle-ci. Divers aspects de l'œuvre confirment cette analyse : rôle du langage, statut des personnages, autonomisation des séquences, etc. Si le personnage de Čackij, héros lyrique, joue un rôle majeur dans le « poème », ceci ne signifie nullement une idéalisation impliquant l'identification héros-lecteur, le conflit profond ne se situant pas à un niveau psychologique ou événementiel. Le conflit des codes n'est pas dépassé (d'où d'évidentes analogies entre Le malheur d'avoir de l'esprit et le théâtre de l'absurde du XXe siècle). Foyer de significations, Čackij est lui-même justiciable de la dynamique qu'il instaure. La comparaison avec le Hlestakov du Revizor met en évidence de nombreuses analogies structurelles, variations, à quelques années de distance, sur ce qu'on pourrait appeler le « vertige russe ».

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