2005
Copyright PERSEE 2003-2023. Works reproduced on the PERSEE website are protected by the general rules of the Code of Intellectual Property. For strictly private, scientific or teaching purposes excluding all commercial use, reproduction and communication to the public of this document is permitted on condition that its origin and copyright are clearly mentionned.
Galia VALTCHINOVA, « Vanga, la «Pythie bulgare»: idées et usages de l'Antiquité en Bulgarie socialiste », Dialogues d'histoire ancienne, ID : 10.3406/dha.2005.2487
Galia Valtchinova, Vanga, la « Pythie bulgare »: idées et usages de l'Antiquité en Bulgarie socialiste, DHA 31/1, 2005, p. 93-127. Résumé : Partant de la célébration d'une voyante comme prophétesse nationale, en Bulgarie, dans la période communiste, ce texte s'inscrit dans l'analyse des usages politiques de l'Antiquité dans les Balkans au 20e siècle. L'étude comporte deux parties. La première explore la construction sociale et culturelle de la voyante et visionnaire religieuse, Vanga, dans le contexte particulier du passage d'un Empire (Ottoman) à l'État-nation, dans une région où se succèdent trois États (la Serbie, la Bulgarie, la République de Macédoine yougoslave) et quelques régimes politiques. La seconde partie s'ouvre sur une présentation succincte des usages politiques de l'Antiquité dans les Balkans, avec clin d'œil rapide vers le « dialogue » ambigu entre la Grèce ancienne et la Grèce moderne. On se focalise sur les développements de la thracologie - le courant dominant de l'historiographie bulgare de l'Antiquité, telle que la discipline est pratiquée en Bulgarie dans les années 1970-1980 - avant de passer à l'examen de la construction de la Pythie bulgare. La mise en correspondance entre la voyante Vanga et la Pythie de Delphes, opérée de façon explicite au sein de l'historiographie antiquisante bulgare, se présente comme une stratégie de récupération du capital symbolique lié à l'Antiquité. L'article s'attache à démontrer comment un certain comparatisme tourné vers l'Antiquité a permis de construire l'image positive et prestigieuse d'une virtuose religieuse fonctionnant dans un pays balkanique à l'époque communiste, tout en occultant les dimensions sociales dont son existence même était révélatrice. Il présente également des arguments pour une ré-évaluation critique de l'historiographie de la Grèce ancienne qui, ayant depuis longtemps perdu l'innocence de « l'objectivisme scientifique », se trouve de plus en plus souvent manipulée par des discours nationalistes et des politiques de grandeur nationale.