1994
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Olivier Ansart, « Études Anciennes et Études Nationales dans le Japon du XVIIIème siècle : la Nature, l'Artifice et le Mal chez Ogyû Sorai et Motoori Norinaga », Ebisu - Études Japonaises, ID : 10.3406/ebisu.1994.896
Les mouvements intellectuels des Études Anciennes — Kogaku — et des Études Nationales — Kokugaku — semblent s'opposer de front. La violente critique chinoise et la xénophobie souvent hystérique du second marquent un rejet total de la sinophilie et de l'universalisme du premier. Pourtant une analyse des pensées des figures les plus importantes de ces deux mouvements — Ogyû Sorai et Motoori Norinaga — révèle d'étonnantes convergences. Nous tenterons de montrer ici que celles-ci vont bien au delà des similitudes de méthodes souvent remarquées. Ces deux penseurs critiquent résolument le rationalisme chinois ; mais pour cela précisément ils restent capables aussi d'une implacable lucidité. Ils font constamment appel au mystérieux. Pourtant ils peuvent affirmer, dans une totale adhésion au réel, l'unité du monde et de l'homme. Tous deux, parce qu'ils refusent le rationalisme et la notion d'Ordre Naturel, ne peuvent plus trouver le sens et la valeur que dans l'artifice de la création ; et ce qu'ils inventent ainsi est une totalité qui prétend tout intégrer même le Mal, qu'il s'agisse de le réduire dans la communauté heureuse de Sorai, ou de le sublimer dans un tragique homérique chez Norinaga.