Chance, opportunisme et stratégie dans la marche vers l'hérédité. Les difficultés dynastiques des grandes familles de la cour à la fin de l'époque de Heian

Résumé En Fr

This paper focusses on the origins of Japanese court's aristocracy and try to present an explanation of its remarkable success in terms of « Longue Durée ». It is indeed unusually possible to observe Japanese aristocracy's evolution, imperial dynasty being here a single sample among others, from the earlier historical times (Vllth century) till the present days. Focusing on nobilities highlight three aspects : the hardly representative position of nobility as a social group ; its superiority, might it be real or pretended ; and, above all, its relative continuity which, through generations, tends to coexist with a national history. This desire of quasi-eternity implies both the settling of family strategy preventing dynastic extinction due to the absence of heir, as well as excessive fragmentation of inheritance which may occur in a successsion, and rightly distant relationships with the different bases of supremacy, whether these are represented by State control or sacerdotal power, warriors or traders class. Japanese Court's nobility owes its originality to the conservation, through ages, of its initial shaping of the state, which enabled, especialy in the second half of Heian period, the settling of an overwhelming hierarchical rigidity, highly appreciated and effectively self- limited to the social and geographical context of the capital. This system allowed a relative limitation, for a long term, of the ruling power, military power, and even partially the wealth and the culture. The priority - and successful - seek for the heredity of rank provides only a partial explanation since it does not fully account for the court's transformation into a State- symbol, which was an other mandatory condition for the survival of this aristocracy.

L'objet de cet article est l'étude des origines de la noblesse de cour japonaise et un essai partiel d'explication de son prodigieux succès dans la longue durée : fait exceptionnel, il est possible de la suivre, majoritairement, dans sa continuité, des débuts de la période historique jusqu'à nos jours (VlI-XXème) - la dynastie impériale n'étant ici qu'un cas parmi d'autres. L'étude des noblesses met en valeur trois aspects : leur nature extrêmement minoritaire en tant que groupe social ; leur position supérieure, réelle ou prétendue ; et surtout leur durée, qui couvrant le plus possible de générations, tend à coexister avec une histoire nationale. Ce quasi désir d'éternité implique : d'une part une stratégie familiale visant, d'une manière paradoxale, à la fois à éviter une disparition physique, faute d'héritiers, et entre ceux-ci un excès de morcellement successoral ; d'autre part une relation plus ou moins distanciée avec les diverses bases de supériorité, étatique ou sacerdotale, guerrière ou économique. La noblesse de cour japonaise doit son originalité à la conservation de sa forme étatique première, dans laquelle elle parvint, surtout durant la seconde moitié de l'époque de Heian, à mettre en place une rigidité hiérarchique suffisamment valorisée et enclose dans le cadre géographique et social de la capitale, pour qu'en fussent relativisés durablement le pouvoir, la puissance militaire, même en partie la richesse et la culture. La recherche prioritaire - et réussie -, de l'hérédité du rang n'est qu'une explication partielle, parce qu'elle ne touche pas la question de la transformation de la cour entière en un symbole dÉtat, autre condition imperative de la survie de cette aristocratie.