De fillettes en amazones : maturation et transformation des générations Shibuya

Abstract En Fr

The Shibuya girls known as kogyaru or ko-gals are a known phenomenon on Tokyo's cultural map for over 10 years now. During the years, they have created a unique youth sub-culture, whole feminine, which has filtered into various layers of culture, influencing values, beliefs and mainly gender status. The kogyaru are very young, mostly high-school girls, but they already follow an ideology of freedom for women and changes in the traditional values of society. One of the dominant features of the kogyaru sub-culture is the practice of enjo-kosai, a form of prostitution, as part of the ideology of the group. Ènjo-kosai has become a central feature of the kogyaru, being their flag of freedom of women over men by using the body as a symbol of power. This article is based on a research conducted in Shibuya during the years 2000-2002. The research was based on observations and interviews and it tried to follow and explain how enjo-kosai became a major symbolic pattern of the kogyaru and the reasons for practicing it.

Les jeunes filles de Shibuya, celles que l'on nomme les kogyaru ou les ko-gals, constituent un phénomène bien connu maintenant depuis une dizaine d'années sur la carte culturelle de Tokyo. Au fil des ans, elles ont façonné une sous-culture de jeunes tout à fait unique en son genre, entièrement féminine, et qui a filtré au travers des différentes couches culturelles, influençant à la fois les valeurs, les croyances, et principalement la situation des rapports entre les sexes. Les Shibuyettes, comme les appellent les Français de Tôkyô, sont très jeunes, la plupart du temps encore lycéennes, mais poursuivent déjà un idéal de liberté pour les femmes et de changement dans les valeurs traditionnelles de la société. Une des caractéristiques dominantes de la sous-culture formée par les kogyaru est la pratique de X enio-kôsai — une forme de prostitution — en tant qu'élément constitutif d une idéologie de groupe. L 'enjo-kôsai est devenu l'élément central de la vie des kogyaru, portant les couleurs de la liberté des femmes face aux hommes, et constituant le corps en un symbole de pouvoir. Cet article s'appuie sur une étude réalisée à Shibuya entre les années 2000 et 2002. La recherche s'est déroulée au travers d'observations et d'entrevues, et tente de suivre et d'expliquer la place centrale et symbolique qu'occupe Y enjo-kôsai dans la vie des Shibuyettes.