1995
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Michelle Zancarini-Fournel, « 1968 : histoire, mémoire et commémoration », Espace Temps, ID : 10.3406/espat.1995.3970
L 'article vise à proposer des pistes d'analyse de Mai 68 à partir d'une distance critique avec les positions de Pierre Nora, et en particulier avec la réduction mémorielle et commémorative de l'événement que ce dernier opère et qui ouvre la porte à une dérive déréalisatrice, négatrice de la rupture, de l'événement. L'auteur analyse dans un premier temps les lieux communs qui ont structuré une mémoire générationnelle globalisante de Mai 68, médiatisée et instrumentalisée par un petit nombre d'acteurs. Elle analyse ensuite la commémoration-célébration rampante des années soixante-dix et quatre-vingt qui n'ont fait que renforcer ces lieux communs et qui ont bloqué l'historicisation de Mai 68. L'article souligne que les historiens disposent pourtant de nombreuses sources et pistes pour combler ce déficit historiographique mais que celui-ci doit être corrélé à l'envahissement mémoriel sélectif caractéristique de la société française des années quatre-vingt destiné à fabriquer du consensus identitaire et à évacuer la césure que les mouvements des années 68 instituent dans la construction contemporaine de l'identité française.