1997
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Marc Lavergne, « La violence d'Etat comme mode de régulation de la croissance urbaine: le cas de Khartoum (Soudan) », Espace Populations Sociétés, ID : 10.3406/espos.1997.1789
Khartoum, capitale du Soudan, a vu sa population tripler en 20 ans. L'agglomération dépasse aujourd'hui 4,5 millions d'habitants. Ses périphéries ont en effet été envahies par les migrants venus de tout le pays, victimes de la sécheresse, de la famine ou des guerres civiles. Le régime militaro-islamiste en place depuis 1989 a adopté une politique de régulation autoritaire de ces afflux, intégrée dans un nouveau schéma d'aménagement de la capitale. Sous couvert d'hygiène publique et de protection du caractère urbain de la ville, cette politique repose en fait sur le cantonnement et l'éviction des immigrants ni musulmans, ni arabisés en provenance du Sud. D'autre part, pour réduire la congestion du centre-ville, une politique de déconcentration administrative et sociale est mise en oeuvre au niveau du quartier. Les autres projets concernant l'amélioration des infrastructures et la fondation de villes-satellites pour absorber l'exode rural près des zones d'activités à distance de la ville, sont victimes de l'absence de moyens financiers. Au total, la politique de l'Etat soudanais à l'égard de Karthoum ne comporte pas de dimension proprement islamique; elle manifeste surtout des préoccupations d'ordre sécuritaire et une vision de la «fabrique» urbaine à l'opposé de son rôle de creuset humain et culturel de la Nation.