2004
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Viviane Alleton, « Traduction et conceptions chinoises du texte écrit », Études chinoises. 漢學研究, ID : 10.3406/etchi.2004.1337
A partir d'un certain nombre de repères historiques, on a tenté de dégager les effets des traductions sur les textes écrits en Chine. Les influences directes ont été peu importan¬ tes. Historiquement, les Chinois ont rarement traduit vers leur propre langue, deux exceptions majeures étant la réception du corpus bouddhique (Ier-IXe siècles) et l'importation des littératures et savoirs occidentaux aux époques modernes et contem¬ poraines. Le traducteur n'a été le plus souvent jusqu'à la fin du XIXe siècle que le rédacteur d'un texte interprété en chinois par un intermédiaire bilingue. Depuis le début du XXe siècle, beaucoup de textes étrangers sont aussi traduits à partir d'une langue tierce, japonais, puis anglais. Ces données suggèrent que la forme du texte original n'intéresse guère : le contenu importe seul. Cependant, les traductions ont eu des effets indirects majeurs sur les pratiques de l'écrit : elles ont légitimé, à côté de la langue ancienne, l'écriture d'une langue parlée évoluant avec les usages. Le champ de ce vernaculaire n'a cessé de s'élargir depuis l'époque bouddhiste pour aboutir à l'adoption du baihua ÉliS comme forme d'expression exclusive au XXe siècle. Elles ont également agi comme des catalyseurs pour la création de genres et de styles nouveaux.