2014
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Jean-Claude Bessac, « Le travail de la pierre à Aksum », Annales d'Éthiopie, ID : 10.3406/ethio.2014.1563
Deux roches sont présentes à Aksum : l’orthogneiss, hétérogène et difficile à tailler, utilisé pour les tombes rupestres et les pierres à bâtir ; la syénite, résistante, employée pour les mégalithes. Les Aksumites connaissaient ses particularités et les ont pleinement exploitées. Ils ont procédé à des exploitations extensives en pied de pente pour les blocs erratiques de volumes divers (Gobedra I). Pour les mégalithes, ils ont recherché sur l’affleurement les secteurs où les fractures naturelles correspondaient le mieux à cette production (Gobedra III). Sur les fortes pentes, le déplacement des mégalithes a dû se faire sur des glissières et, sur terrain plat, à l’aide de gros rouleaux posés sur des rails de bois pour mieux répartir la charge. La traction des mégalithes a peut-être fait appel à des animaux de trait mais leur levage a nécessité une très grande précision que seul l’usage de moufles et de cabestans pouvait garantir. Pour ce qui est des outils pour la taille, au pic et aux coins de fer, il faut ajouter la broche, pointue ou forgée d’un étroit tranchant (1 à 3 mm) et percutée avec une massette. La taille définitive était réalisée sur le site avant l’érection des stèles. Elle comprenait deux phases : un dressage général des faces effectué par petites tranches de quelques décimètres carrés de surface suivi de la taille du décor. Ces tâches étaient confiées simultanément à plusieurs spécialistes dont la tranche personnelle de travail pouvait être ainsi contrôlée. Cette pratique est attestée aussi par les marques lapidaires dans les tombeaux. Les techniques aksumites du travail de la pierre révèlent plus une influence de l’Égypte romaine qu’une tradition sudarabique.