2014
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Jean-baptiste Eczet, « Révéler et éloigner. Usages du corps et de ses ornements en pays mursi », Annales d'Éthiopie, ID : 10.3406/ethio.2014.1567
L’ornementation corporelle des groupes du Sud-Ouest éthiopien attire de nombreux touristes et reporters à la recherche d’un exotisme primitif. À quelques exceptions près, les recherches anthropologiques se sont peu tournées vers l’étude de ces ornements. Cet article vise donc à mettre en lumière certaines pratiques ornementales chez les Mursi, un groupe d’agropasteurs transhumants de la basse vallée de l’Omo. Chaque type d’ornement est associé à une thématique et il contribuent ainsi à des interactions avec différents «êtres » : ses pairs, ses bovins, ses morts et les touristes. Nous pouvons alors distinguer deux intentions. Les bijoux et la peinture à la bouse bovine montrent des attachements : il s’agit de révéler des habiletés relationnelles (humaines et pastorales) déjà acquises. La peinture à l’argile et les peintures pour touristes exhibent quant à elles un travail de détachement : ces peintures sont orientées vers les êtres passagers à éloigner (les morts et les touristes). Ici, se peindre et s’orner le corps ne vise pas tant une expressivité esthétique que la création de propositions visuelles contribuant à la bonne tenue d’interactions variées. Il est ainsi nécessaire de mieux considérer les pratiques dites esthétiques, car elles participent des plus élémentaires relations sociales.