2016
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Perrine Duroyaume, « Les demeures anciennes d’Addis-Abeba. Discours et pratiques autour du patrimoine dans une métropole en reconstruction / The old residences of Addis Ababa. Discourses and practices around heritage in a city under reconstruction », Annales d'Éthiopie, ID : 10.3406/ethio.2016.1627
Construites lors de la fondation d’Addis-Abeba par les hauts dignitaires de l’empire, les demeures anciennes sont reconnues comme patrimoine par les autorités publiques depuis le début des années 1980. Leur style architectural, mélange d’influences étrangères marquées par un cachet éthiopien, en fait un patrimoine remarquable dans le paysage urbain. Pour autant, les inventaires successifs menés par la municipalité d’Addis-Abeba n’aboutissent que très rarement à la restauration des demeures dont les usages souvent inadaptés ont accéléré les dégradations. La disparition progressive de ce patrimoine, amplifiée par les chantiers de modernisation urbaine, préoccupe les chercheurs et associations qui sonnent régulièrement l’alarme. Comment expliquer un tel décalage entre reconnaissance publique des demeures anciennes et absence d’une politique volontariste de sauvegarde en leur faveur ? Pour y répondre, cet article interroge les représentations divergentes sur la place de ce patrimoine au sein d’une capitale, symbole d’un État en reconstruction. À travers la littérature sur Addis-Abeba produite par des chercheurs européens et éthiopiens, les demeures anciennes sont vues comme un témoignage de la fondation de l’Empire et d’une mixité sociale unique. Les autorités publiques affichent de fortes contradictions et discontinuités vis-à-vis de la sauvegarde de ce patrimoine. Au-delà des tensions sur leur valeur patrimoniale, l’article explore les pratiques des propriétaires (particuliers, religieux, publics et communautaires) qui entretiennent les bâtiments selon des logiques distinctes montrant la diversité mais aussi le manque de cadre dans les initiatives de restauration. Il s’achève sur une réflexion autour de l’actualité avec la décision municipale de restaurer plusieurs demeures anciennes dans une logique de développement touristique.