1993
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Michel-jean Marié, « Territoire, centre et marge, identité et altérité », FLUX Cahiers scientifiques internationaux Réseaux et Territoires, ID : 10.3406/flux.1993.963
On ne peut confondre la notion de "territoire" avec celle de "local" pour la bonne raison qu'un territoire n'est pas seulement le lieu où se produisent les identités, mais aussi celui où se gèrent les altérités ; non seulement le lieu où l'on "habite", mais aussi celui où l'on passe. Si donc le territoire est avant tout une notion anthropologique, non réductible au local, c'est parce que cette notion permet de penser dans un même espace de réflexion ce qui, d'un certain point de vue, peut apparaître comme incompatible : d'un côté les terroirs, le sol, le local, c'est-à-dire ce qui aujourd'hui, comme en Yougoslavie, est revendiqué par certains comme l'apanage des indigènes (mais qu'est-ce qu'un indigène?) et le seul vecteur de l'identité - et de l'autre la question de l'étranger, de l'altérité, du tiers, de la marge. Si donc l'immigré réel ou mythique est partie prenante de son histoire et de la notre, de son espace et du notre, il n'est guère d'autre solution que de prendre en compte la part d'altérité qui existe en chacun de nous.