2012
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François Dingremont, « Pénélope, la meilleure des Achéennes », GAIA. Revue interdisciplinaire sur la Grèce ancienne, ID : 10.3406/gaia.2012.1581
Cet article a comme point de départ un constat unanimement partagé par les commentateurs de l’Odyssée, à savoir la complexité de la figure de Pénélope. Nous essaierons de voir sur quoi repose cette complexité. S’agit-il d’un statut social ou narratif faisant d’elle la victime de tiraillements ou d’une astuce utilisée par le poète pour maîtriser la relation avec son auditoire ? L’apparente opacité de Pénélope est pour nous avant tout l’expression d’un jeu poétique, elle permet à l’aède de garder une parfaite maîtrise sur le fi l de l’intrigue. Plus le jeu de la reine paraîtra insaisissable, plus l’intrigue sera subtile. Cette course vers une construction toujours plus astucieuse de la trame narrative pourrait donner une indication quant aux conditions dans lesquelles a lieu la performance épique. La toujours plus grande insaisissabilité de la figure de Pénélope pourrait être, en effet, le résultat de la compétition entre les aèdes, car surenchérir sur l’opacité du jeu de la reine peut apparaître comme le meilleur moyen pour le poète de se distinguer de ses concurrents en abondant dans la difficulté. La question sera donc de savoir si Pénélope ne serait pas un des enjeux du jeu poétique.