2011
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Joël Vital et al., « L'architecture et les occupations du Bronze final 1 et du Bronze final 2b du site du Gournier, secteur de Fortuneau, à Montélimar (Drôme) », Gallia Préhistoire, ID : 10.3406/galip.2011.2489
L’opération de sauvetage du site de Fortuneau, bien qu’inaboutie, a été l’occasion d’appliquer sur de grandes surfaces de terrasse alluviale des méthodes de fouille fine et de caractérisation sédimentaire d’un habitat occupé à deux reprises au Bronze final. Cette double méthodologie permet de compenser les limites imposées par la labilité des structures d’origine anthropique, comme par les phénomènes postdépositionnels. La distinction chronologique repose sur des données stratigraphiques, sur des séries céramiques de référence et sur des datations radiocarbone. Au Bronze final 1 comme au Bronze final 2b, nous avons affaire à des architectures à poteaux porteurs, encore très mal connues dans le Sud-Est. Ces constructions sont associées à différentes formes sédimentaires d’origine anthropique qui évoquent la possibilité d’une pratique horticole de proximité. Au Bronze final 1, un bâtiment isolé trouve d’excellents parallèles dans les Préalpes. Les composantes culturelles du corpus céramique renvoient, avec quelques nuances suivant deux zones de fouille, au Bassin rhodanien, et plus largement à la zone Rhône-Saône-Jura, ainsi qu’au Midi et aux Alpes. À l’échelle du vaste site du Gournier, différentes implantations ont été découvertes en un semis discontinu pouvant correspondre à une série de fermes. Au Bronze final 2b, une agglomération se développe sur une surface importante, mais d’extension réelle inconnue. Son organisation suit des constantes souvent observées pour l’âge du Bronze rhodanien, notamment la coexistence de plusieurs ensembles architecturaux composés d’un bâtiment d’habitation associé à une ou deux structures à vocation agricole possible. Une série de greniers sur poteaux se concentre à la jonction entre un secteur où l’on observe des groupes architecturaux plutôt isolés, enclos, et un secteur où les espaces interédifices tendent nettement à se réduire. Cette configuration est conforme au schéma d’évolution de l’habitat terrestre nord-ouest alpin au long du Bronze final, avec une tendance au regroupement des maisons et à la concentration-densification de l’agglomération, mais dont l’extension vers le Midi est une nouveauté qui ouvre sur quelques interrogations. Ce phénomène, qui concerne la zone jurassienne de la culture Rhin-Suisse-France orientale, entre en contradiction avec l’hypothèse d’un groupe culturel rhodanien et languedocien dont les contours sont suggérés par la présence récurrente de nombreux types céramiques. Il faudrait alors admettre que les choix architecturaux relèvent de contraintes symboliques – et politiques ? – de portée géographique plus étendue, qui pourraient l’emporter sur l’expression culturelle, hypothèse et problématique qu’un nécessaire développement des recherches sur l’âge du Bronze du sud de la France devrait permettre de tester.