1970
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André Guilcher, « Exploitation et utilisation du fond des mers », Annales de géographie, ID : 10.3406/geo.1970.15134
Cet article résume les problèmes qui découlent des récentes explorations et des utilisations consécutives du fond de la mer. Depuis la convention de Genève (1958-1964), les ressources naturelles du sol et du sous-sol des plates-formes continentales ont été placées sous la juridiction des États riverains ; mais la définition qui a été donnée de la plate-forme est tout à fait inadéquate. A la suite de propositions soumises à une conférence tenue récemment à Rome, un groupe de définitions géomorphologiques du fond de la mer est offert ici. Puis les ressources minérales du fond des océans sont passées en revue du point de vue de l'exploitabilité et de la rentabilité. Les forages pour raisons scientifiques sont techniquement possibles jusqu'aux grands fonds, mais le prix des opérations augmente énormément avec la profondeur, de sorte qu'actuellement l'exploitation des ressources pétrolières, du sable, du gravier et d'autres minéraux est généralement limitée aux parties internes des plates-formes continentales. On ne peut pas prévoir à quelle date il sera compétitif d'exploiter les ressources de la pente continentale, du « rise » et des fonds abyssaux. Quant aux êtres vivants, leur récolte à des profondeurs supérieures à 1 000 mètres, ou 1 500 mètres au grand maximum, n'a pas d'intérêt commercial, pour des raisons de diminution de la biomasse et d'augmentation du coût d'exploitation avec la profondeur. Malgré cela, il apparaît urgent d'améliorer l'actuel régime légal du fond de la mer, et de conclure une nouvelle convention dans laquelle devrait être exclue toute possibilité pour les États riverains de se partager la totalité du lit marin au-delà de la plate-forme continentale. Il reste à organiser un régime international pour les grandes profondeurs océaniques. En ce qui concerne les utilisations militaires possibles des fonds situés au-delà des eaux territoriales, l'opinion prévalente est que de telles utilisations doivent être interdites totalement et explicitement. On parle aussi des problèmes de pollution des eaux et des dommages causés aux êtres vivants par les forages, les opérations minières et le rejet de déchets radioactifs. Quoi qu'il arrive plus tard dans l'exploitation du lit marin, il est essentiel que la liberté de recherche scientifique reste intacte au-delà des eaux territoriales, sans qu'intervienne aucune discrimination entre États. Le refus par les États riverains de donner l'autorisation de recherche sur leurs plates-formes devrait être raisonnablement évité si ces États avaient toutes possibilités de participer aux recherches, d'avoir communication des résultats, et d'obtenir des portions des échantillons. Il faut déployer les plus grands efforts pour supprimer toutes entraves politiques aux expéditions scientifiques maritimes.