1980
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Louis-Edmond Hamelin, « L'ère française Menier de 1895 à 1926 à l'île d'Anticosti (Canada) », Annales de géographie, ID : 10.3406/geo.1980.19935
La « Grande île » d'Anticosti située dans la partie septentrionale du golfe du Saint-Laurent et aux portes du Nord se présente comme la seule terre québécoise à avoir connu une étape « française de France » (1895-1926) durant ce que l'on appelle au Canada, le Régime anglais. A partir d'une abondante documentation historique mais de style apologétique, le texte traite de thèmes comme la colonisation privée et « intégrée », le développement des terres vierges et les contacts culturels amphiatlantiques. Le grand domaine ressemble à un estate colonial à l'anglaise. La structure d'autorité est fortement hiérarchique. A partir des Menier, l'écoumène principal n'est plus la mer. L'on fait de la culture, de la chasse, de la pêche en rivière, de l'artisanat, du bois et des expériences de toutes sortes (introduction du chevreuil). Le décès du milliardaire Menier en 1913 et la première guerre mettent l'île « en sommeil ». L'immigration étant limitée, la population totale n'a jamais dépassé 600 habitants mais la colonisation accentue le mouvement de concentration démographique dans la façade occidentale de l'île où se développent Baie-Sainte-Claire et Port-Menier. La toponymie, d'anglaise qu'elle était, redevient française. La « Compagnie de bois » qui achète l'île en 1926 prolonge mais surtout détruit le faciès de l'ère Menier. Malgré des résultats économiques modestes et précaires, l'aventure Menier s'est durablement inscrite dans la mémoire ; elle a même donné dans le mythe.