2001
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Jean-Robert Pitte, « La géographie du goût, entre mondialisation et enracinement local//Geography of taste, between globalization and local roots », Annales de géographie, ID : 10.3406/geo.2001.1717
«Vérité en-deça des Pyrénées, erreur au-delà », dit le proverbe. C'est précisément le cas en ce qui concerne les goûts ou, plus exactement, c'était le cas avant la récente révolution des transports et de l'information. L'alimentation et la boisson ont été pendant la majeure partie de l'histoire de l'humanité représentatives des environnements, des techniques agricoles et culinaires, mais aussi, et de plus en plus, des cultures. « Dis-moi ce que tu manges et je te dirai qui tu es », écrivait Brillât-Savarin en 1825. Comme il voyait juste ! Nous mangeons tous comme nous pouvons, en fonction de nos moyens, mais aussi selon nos rêves, selon les représentations que nous nous faisons de l'alimentation. C'est pourquoi l'alimentation change dans le temps, en relation avec les techniques et les modes, mais aussi dans l'espace, ce qui intéresse alors le géographe. Aujourd'hui, les apparences sont à l'uniformisation de l'alimentation, comme de nombreuses expressions de la culture, mais aussi, paradoxalement, au renforcement des nourritures, des boissons et des recettes enracinées dans le terroir. Cet exemple est très représentatif de ce qui se passe dans bien des domaines de la géographie culturelle. « Vivre dans la diversité » n'est pas seulement un vœu, un programme, mais une réalité tangible impliquant des difficultés et de réelles chances de pouvoir échanger nos expériences de vie, dans ce qu'elles ont de plus profond et noble.