2006
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Marc Dufumier, « Biodiversité et agricultures paysannes des Tiers-Mondes », Annales de géographie, ID : 10.3406/geo.2006.21287
À l’opposé de la classique «révolution verte» dont l’un des effets a été de simplifier de façon drastique les agro-écosystèmes et de réduire exagérément la biodiversité au sein des aires cultivées, de nombreuses paysanneries du Tiers-monde ont su et pu développer des systèmes de culture et d’élevage permettant la cohabitation durable d’un grand nombre d’espèces, races et variétés, domestiques et spontanées. Ainsi en est-il des associations de cultures en vigueur dans les exploitations haïtiennes, des systèmes agro-forestiers pratiqués dans maintes régions du Sud-est asiatique et des cultures sous couvert arboré actuellement observées en Afrique soudano-sahélienne. Ces systèmes de production, mis en oeuvre par des paysans dont l’intérêt n’est pas toujours de maximiser l’espérance mathématique de la productivité du travail, permettent souvent de tirer au mieux profit des cycles du carbone, de l’azote et des éléments minéraux, tout en limitant les consommations d’engrais chimiques, de carburants et de produits phytosanitaires. Ils font preuve d’une relativement grande efficacité en matière de rendement calorique et protéique à l’hectare mais l’agriculture paysanne n’en demande pas moins d’être protégée de la concurrence des exploitations les plus fortement moto-mécanisées sur le marché international.