De l'idéalisme dans les théories du langage. Histoire d'une transition

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1988

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Lia Formigari, « De l'idéalisme dans les théories du langage. Histoire d'une transition », Histoire Épistémologie Langage, ID : 10.3406/hel.1988.2250


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Résumé En Fr

: An analysis of texts such as Fichte's Von der Sprachfahigkeit und dem Ursprung der Sprache (1795), A.W. Schlegel's Briefs iiber Poésie, Silbenmass und Sprache (1795), or Schelling's Einleitung in der Philosophie der Mythologie (1826), discloses the peculiar device through which a break is brought about between H'-and lS^-century philosophical tradition and the theory of language of early ^""-century German philosophy. What makes the difference, in spite of the material continuity, is the introduction of a notion of transcendental subjectivity into the theory of language. One of the consequences of this change in perspective is that the linguistic mediation, which lS^-century empirical philosophy used to repute essential to the mind's activity, is now conceived as the work of a mind that is in itself active or «spontaneous». Indeed, postualting an apriori structure of subjectivity (namely, a representation-device independent from experience) is tantamount to affirming the autonomy of this device towards the contingency of linguistic practice. The peculiarity of Humboldt's philosophy is the attempt to conciliate the spontaneity of the subject whith the conditioning role of language. Such a role, however, is conceived by him as not in itself otherwise conditioned (not conditioned by pre-verbal experience, for instance, as was the case with 18"1 -century philosophy): language as form (Sprachform) in fact precedes all outward forms of the intellectual life and is their ideal essence. In other words, thought is still conditioned by language, but only because language itself embodies the formal, apriori, or transcendental structures of subjectivity. This dual nature of Humboldt's philosophy of language, always prompting him to approach language from a double viewpoint - an empirical one and a transcendental one or, otherwise stated, a «historische Ansicht» and a «philosophische Ansicht» - was denounced by one of his first disciples, Heymann S te in thai, whose essay Uber den Idealismus in der Sprachwissenchaft (1860) is examined in this article as an attempt to dismiss the notion of a transcendental subjectivity as conditioning speech, and so tracing the theory of language from idealism back to mere phenomenism. Such a passage from 18fc-century phenomenism to idealism and back to phenomenism in the theory of language suggests some reflections not only on the transition from 18*- to 19*- century linguistic philosophy, but also on the role of transcendental arguments in the theory of language.

RÉSUMÉ: Une analyse de textes tels que l'essais de Fichte Von der Sprachfahigkeit und dem Ursprung der Sprache (1795), les Briefe iiber Poésie, Silbenmass und Sprache de A.W. Schlegel (1795), ou VEinleitung in der Philosophie der Mythologie de Schelling (1826), nous montrent la nature du dispositif par lequel une coupure se produit entre la linguistique des Lumières et la philosophie du langage de \&Romantïk. Ce qui fait la différence entre les deux perspectives, malgré leur continuité matérielle, est l'introduction de la notion de subjectivité transcendentale dans la théorie du langage. Une des conséquences de ce changement de point de vue est que la médiation linguistique, que la tradition empiriste avait considérée comme la condition essentielle de toute activité du sujet, est envisagée maintenant comme l'œuvre d'un esprit qui est en lui-même actif ou«spontané». Le postulat d'une structure apriori de la subjectivité (c'est-à-dire d'un dispositif de représentation indépendant de l'expérience) équivaut en effet à l'affirmation de l'autonomie de ce dispositif vis-à-vis de la contingence des pratiques linguistiques. Le propre de la philosophie humboldtienne est la tentative de réconcilier la spontanéité du sujet avec le rôle conditionnant du langage. Il s 'agit cependant d'un rôle qui n'est pas à son tour conditionné (comme il l 'était, par exemple par l 'expérience préverbale, dans la philosophie des Lumières): le langage comme forme, ou Sprachform, en effet, précède toute manifestation externe de la vie intellectuelle et en représente l'essence idéelle. La pensée est donc encore une fois conditionnée par le langage, mais seulement parce que le langage lui- même est le porteur des structures formelles, a priori, ou transcendentales, de la subjectivité. Cette dualité de la philosophie du langage de Humboldt, qui le pousse à aborder toujours le langage d'une double perspective - une perspective empirique et une perspective transcendentale, ou autrement, dit, une «historische Ansicht» et une «philosophische Ansicht» - fut dénoncée par un des ses premiers disciples, Heymann Steinthal, dont l'essai Uber den Idealismus in der Sprackwissenchaft ( 1 860) est examiné ici comme une tentative d'exclure la notion de subjectivité transcendentale comme condition du discours, en ramenant ainsi la théorie du langage dans une perspective phénoméniste. Ce passage du phénoménisme des Lumières à 1 ' idéalisme et ce retour au phénoménisme dans la théorie du langage nous suggère des réflexions non seulement sur la transition de la philosophie des Lumières à l'idéalisme, mais aussi à propos du rôle de l'argumentation transcendentale telle qui recourt dans la théorie du langage.

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