1996
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Harald Wixforth, « Les banques et l'effondrement du Mark : la situation du système bancaire en Allemagne de 1918 à 1923 », Histoire, économie & société, ID : 10.3406/hes.1996.1885
Les difficultés d'accès aux archives bancaires expliquent pourquoi si peu d'auteurs ont osé s'attaquer à la question primordiale du rôle des banques allemandes pendant la période de méga-inflation de 1920 à 1923. La documentation récente s'accumule cependant, et il est désormais possible de mieux cerner les problèmes. Nul doute désormais que l'inflation d'après guerre trouve sa racine première dans les procédés de financement du coût de la Première Guerre mondiale. Mais la raison principale de la « médiocre » performance des grandes banques allemandes entre 1920 et 1923 réside dans la prise de conscience très tardive de la valeur illusoire des énormes bénéfices réalisés en papier-monnaie. Quelques moyens de lutte ont été efficaces, en particulier la concentration et l'absorption de banques régionales et moyennes provinciales par les grandes banques berlinoises. Le secours suprême a cependant résidé dans le réinvestissement massif et rapide des Marks-papier en avoirs « réels » : devises étrangères, placement dans des banques étrangères, acquisition d'actions de grandes sociétés industrielles solides, placements en effets non sujets à l'inflation (immeubles, etc.) de manière à maintenir, voire à augmenter le capital. Il en résulte une situation très contrastée : indépendance paradoxale des grandes industries profitant de la dévaluation pour autofinancer (ou avec des emprunts étrangers) leurs investissements ; inégalité extrême entre les résultats (pour autant qu'on puisse les entrevoir) entre banques, ce en fonction de la prise de conscience plus ou moins précoce ou tardive du fonctionnement comme des conséquences de la méga-inflation.