1997
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Marie-José Laperche-Fournel, « Stratégies matrimoniales en milieu protestant. Quelques réseaux familiaux messins au XVIIe siècle », Histoire, économie & société, ID : 10.3406/hes.1997.1967
Metz, au XVIIe siècle, fait figure de citadelle protestante; pourtant située aux avant-postes du calvinisme français, encerclée par des confessions rivales — le catholicisme militant des Pays-Bas espagnols ou des duchés lorrains et le luthéranisme des pays sarrois - la communauté réformée messine, un habitant sur trois vers 1620 et un sur cinq en 1684 (4381 membres) va développer, grâce aux mariages, des stratégies plurielles pour rester « entre soi ». L'exclusivisme religieux, l'exiguïté du marché matrimonial, et la recherche de l'homogamie sociale finit par rétrécir au champ de la parenté affine et consanguine le jeu des alliances comme le révèlent les réseaux d'inter-mariages reconstitués pour trois lignages de la haute bourgeoisie réformée de la ville, au sein d'un corpus de 150 familles. A court terme, l'art des alliances, à Metz, au XVIIe siècle, a été, pour les huguenots, l'art de la survie : quand éclatera la Révocation, dotés d'une redoutable cohésion interne, ils seront très solidaires entre eux dans l'adversité, sur place et en exil. A long terme, en revanche, pratiquer sans prudence les unions dans les cercles des parents prohibés ne pouvait conduire qu'à l'appauvrissement génétique du groupe si, en 1686, la persécution n'avait fait éclater l'isolat...