La bourgeoisie allemande a-t-elle trahi la révolution de 1848 ? Bilan d'une analyse sérielle

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1988

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Heinrich Best, « La bourgeoisie allemande a-t-elle trahi la révolution de 1848 ? Bilan d'une analyse sérielle », Histoire & Mesure, ID : 10.3406/hism.1988.1353


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Résumé En Fr

Heinrich Best. Did the German bourgeoisie betray the 1848 revolution ? Conclusions from a serial analysis. An important trend of german historiography helds as a certainty that the 1848 revolution has been « betrayed » by the bourgeoisie, which would have sacrificed its ideals of freedom to the defence of the statu quo. To measure empirically the value of this assertion, bourgeoisie is defined as a clustering of the socio-economic groups of manufacturers, merchants and bankers. This groups are obviously involved in the debate concerning the customs tariff protectionist policy, a debate which mobilized all social groups through mass petitions. These petitions are a privileged source for the historian since the conditions in which they were devised may be established and it is therefore possible to see if pressures have been exerted and in which directions. Two groups of the bourgeoisie are initiating two different policies: free-trade is advocated by the merchants of the coastal and fair great towns, protectionism by inland manufacturers. Each of these groups started looking for alliances with other social groups. The analysis of the different outlines of these groups as they appear in the petitions reveals that the protectionist trend moved by the manufacturers has been able totally craftsmen, workers and peasants whereas the free-trading trend, restricted to the merchants, even if they were able to reach some other social groups, was able to produce but a much smaller number of petitions. If an explanation of conflicts concerning commercial policy based upon the concept of social class is not very enlightening, a regional differentiation seems more appropriate, since we find regions which are either protectionist (the West and the South-West) or free-trader (Mecklemburg). These economic cleavagesdid not make the unification of Germany easier. Finally, it is difficult to speak of the betrayal of the 1848 revolution, since the industrialist section of the bourgeoisie has been able to marshal! both workers and peasants to advocate its customs policy.

Heinrich Best. La bourgeoisie allemande a-t-elle trahi la révolution de 1848 ? Bilan d'une analyse sérielle. Un courant important de l'historiographie allemande tient pour assuré que la révolution de 1848 a en quelque sorte été « trahie » par la bourgeoisie qui aurait sacrifié ses idéaux de liberté à la défense du statu quo. Pour mesurer empiriquement la valeur de cette assertion, on définit la bourgeoisie comme regroupant les groupes socio-économiques des industriels, des çros commerçants et des banquiers. Ces groupes sont évidemment partie prenante du débat relatif à la politique protectionniste douanière, debat qui mobilise tous les groupes sociaux par l'intermédiaire de pétitions massives. Ces pétitions constituent une source privilégiée pour l'historien car les conditions dans lesquelles elles ont été faites sont accessibles et il est possible de voir si des pressions ont été faites et dans quels sens. Or deux fractions de la bourgeoisie sont à l'origine de deux politiques : le libre-échangisme est défendu par les commerçants de la côte et des grandes villes de foire, le protectionisme par les industriels de l'intérieur. Chacune de ces fractions va chercher des alliances avec d'autres groupes sociaux. L'analyse des différentes configurations de groupes figurant dans les pétitions de chaque courant permet de dire que le courant protectioniste animé par les industriels a su rallier les artisans les ouvriers et les paysans tandis que le courant libre-échangiste, qui n'a pu produire qu'un nombre très inférieur de pétitions, reste confiné aux commerçants même s'ils ont pu toucher quelques autres groupes sociaux. Si l'explication des conflits douaniers en terme de « classe sociale » est peu éclairante, une différenciation régionale semble plus pertinente car on trouve des régions plutôt protectionistes (Ouest et Sud-Ouest) ou plutôt libre-échangistes (Mecklenbourg). Ces oppositions économiques entre régions n'ont évidemment pas facilité l'unité allemande. Enfin on notera que l'on peut difficilement parler de « trahison » de la révolution de 1848 dans la mesure où une fraction industrielle de la bourgeoisie a su mobiliser paysans et ouvriers pour faire avancer sa politique douanière.

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