La construction de «l'éternité» romaine

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La construction de «l'éternité» romaine — G. Djament. Cet article s'interroge sur les facteurs de permanence urbaine à partir du cas de la « Ville Eternelle ». La périphrase se trouve mise en perspective par les débats contemporains portant sur le développement durable. Trois grandes hypothèses expliquent la résilience romaine de l'Antiquité à nos jours. Tout d'abord, même après la chute de l'Empire, le décalage entre le temps des représentations de l'espace (l'image d'une ville) qui dure plus longtemps que le temps des fonctions urbaines (sa puissance politique et économique). En outre, les temporalités romaines s' expliquent par de constantes interactions avec les rythmes chrétiens et européens. La ville a en effet structuré sur le long terme une conception du temps, tout en s 'adaptant régulièrement aux bouleversements géopolitiques de cette civilisation. Enfin, les temporalités sont véritablement manipulées à Rome afin de légitimer le pouvoir. L'héritage urbain est régulièrement soumis à une sélection spatio-temporelle rapprochant des périodes éloignées. Ces conditions font de la Ville Eternelle un archétype de tissu urbain « polygénique » qui invite à penser les temporalités urbaines sur un mode complexe, non-linéaire et non-stratifié.