2000
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Saadi Lahlou, « Attracteurs cognitifs et travail de bureau », Intellectica, ID : 10.3406/intel.2000.1594
Le syndrome de débordement cognitif («COS» : trop de sollicitations, pas le temps, des piles de choses à faire, etc.) est répandu chez les cadres et autres travailleurs intellectuels. A partir d'études détaillées du travail quotidien, nous avons construit un modèle explicatif. Les acteurs sont décrits comme navigant entre des «attracteurs cognitifs». Un attracteur est un ensemble d'éléments matériels et immatériels qui participent potentiellement à une activité donnée, et qui sont simultanément présents du point de vue du sujet. L'attracteur est interprété par le sujet comme une Gestalt d'activité. La configuration, combinant des éléments du contexte et de l'état mental du sujet, tend à engager ce dernier dans l'activité correspondante. La force de l'attracteur est la combinaison de plusieurs facteurs : la prégnance, le coût, la valeur. L'acteur ne contrôle pas complètement son activité : il est entraîné par le flux en même temps qu'il se dirige. Un environnement désordonné et trop riche en attracteurs tend à provoquer du papillonnage et de la procrastination : les acteurs s'épuisent dans une séquence de petites tâches urgentes, au détriment des gros chantiers. La révolution informationnelle accroîtrait ainsi le «syndrome de saturation cognitive » parce qu'elle multiplie les attracteurs. Quelques voies concrètes d'amélioration sont indiquées.