2000
Copyright PERSEE 2003-2023. Works reproduced on the PERSEE website are protected by the general rules of the Code of Intellectual Property. For strictly private, scientific or teaching purposes excluding all commercial use, reproduction and communication to the public of this document is permitted on condition that its origin and copyright are clearly mentionned.
John Rogers Searle, « Consciouness », Intellectica, ID : 10.3406/intel.2000.1602
La Conscience. Jusqu'à très récemment, la plupart des neurobiologistes ne considéraient pas la conscience comme un sujet d'investigation scientifique convenable. Cette défiance reposait sur un certain nombre d'erreurs philosophiques, au premier rang desquelles l'erreur de croire que la subjectivité rend la conscience inaccessible aux sciences objectives. Si l'on admet que la conscience est un phénomène biologique comme les autres, elle relève alors d'une investigation neurobiologique. Elle résulte entièrement de processus neurobiologiques et est produite par les structures cérébrales. La propriété essentielle de la conscience qu'il nous faut expliquer est l'expérience subjective unifiée et ses propriétés qualitatives. Ce qui distingue la conscience d'autres phénomènes biologiques c'est son ontologie subjective ou en première personne, mais cela ne doit pas nous empêcher d'en développer une science épistémologiquement objective. Nous devons dépasser la tradition philosophique qui considère ce qui relève de la sphère mentale ou du monde physique comme appartenant à deux domaines métaphysiques distincts. Deux approches courantes de la conscience reposent, l'une sur le modèle des éléments de construction selon lequel tout champ de conscience résulte de la composition de ses différentes parties, l'autre sur le modèle du champ de conscience unifié qui implique la nécessité de rendre compte du caractère unifié des états subjectifs de conscience . Nous discutons ces deux approches et donnons des arguments pour préférer la seconde à la première. Parmi les recherches pertinentes sur la conscience, nous avons retenu les travaux sur la cécité corticale, sur les "cerveaux divisés", sur la rivalité binoculaire et les phénomènes gestaltiques d'inversion de perspective.