1991
Copyright PERSEE 2003-2023. Works reproduced on the PERSEE website are protected by the general rules of the Code of Intellectual Property. For strictly private, scientific or teaching purposes excluding all commercial use, reproduction and communication to the public of this document is permitted on condition that its origin and copyright are clearly mentionned.
Monique Lojkine-Morelec, « "And Now My Utmost Mystery Is out" : moi phallique, corps féminin et création poétique chez W.B. Yeats », Etudes irlandaises, ID : 10.3406/irlan.1991.991
Partant de la conclusion de « The Gift of Harun Al-Rashid », cet article vise à montrer, à travers une analyse des analogies entre les principaux symboles, comment Yeats envisage la création poétique. Le vol spirale de l'oiseau et ses rapports avec l'air, l'eau et le sang en font le symbole du pivot central du moi dans ses rapports avec l'univers féminin de l'incarnation. Lorsque Yeats perd confiance dans le moi phallique et aspire à la sainteté, ce pivot représente l'âme enroulée dans la chair ; c'est alors le bâton dans le manteau troué, la bobine et son fil, la momie dans son suaire, la vie enroulée comme un chemin en spirale qu'un triple déroulement va révéler être un oiseau d'or. Lorsque Yeats reprend confiance en sa virilité, ce pivot représente le moi créateur dans son rapport avec la féminité ; c'est alors sa tour avec son escalier ensanglanté qui lui donne accès à la sagesse des morts, son épée et son fourreau, l'homme d'armes et la bannière. A l'ascension vers l'unité polaire et à l'immersion dans la fontaine, Yeats préfère la splendeur du désir et l'étanchement de sa soif au fossé impur. Atteindre la perfection tuerait le désir, et par là même l'écriture.