2002
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Claire Hardy-Guilbert et al., « Al-Shihr, un port d'Arabie face à l'Afrique », Journal des Africanistes, ID : 10.3406/jafr.2002.1305
Al-Shihr est connue par de nombreux textes comme l'un des ports les plus importants du Yémen médiéval. Ibn Khurradâdhbih, au IXe siècle, le mentionne comme escale entre l'Oman et Aden de même que al-Hamdânî, Muqaddasî, Ibn Hawqal et l'auteur anonyme du Kitâb 'Ajâ 'ib al-Hind, au Xe siècle. Ces auteurs nous enseignent que c'était la capitale de la région du Mahra, le centre du commerce de l'encens. La ville est également mentionnée par Ibn al-Mujâwir (Ta'rîkh al-Mustabsir) au début du XIIIе siècle, puis dans plusieurs textes de l'époque rasûlide (chroniques et almanachs). Marco Polo la décrira, vers 1300, comme une «grandissime cité» munie d'un très bon port, en relation économique étroite avec l'Inde et exportant en particulier de l'encens et des chevaux. Malgré les assauts des conquérants portugais qui l'assiégeront, par deux fois, en 1522-3 et 1531-2, al-Shihr conservera son statut de porte du Hadramaout sur l'océan Indien jusqu'au XIXe siècle, époque à laquelle elle fut supplantée par le port moderne de Mukallâ. La fouille du site de al-Shihr, commencée en 1996, met en lumière l'histoire de ce port fameux, son rôle dans les réseaux économiques régionaux et internationaux et son évolution au cours de la période islamique. Une chrono-typologie de la céramique yéménite de cette période, encore pratiquement inconnue aujourd'hui, associée aux importations, est un des objectifs visés par l'exploitation archéologique du site couvrant plus d'un millénaire.