1996
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Les Mofu du Nord-Cameroun vivent, ou plutôt vivaient, avec les insectes. Ces derniers sont impliqués dans tous les aspects de leur vie : ils entrent dans l'alimentation et la pharmacopée, viennent en appui agronomique, servent d'augures et même d'insectes de compagnie. Les Mofu, céréaliculteurs de montagne, ont valorisé le mil au point d'en faire l'objet d'une véritable religion. Ils opposent un registre d'insectes bénéfiques pour le mil à ceux qui sont maléfiques et aux ravageurs. Les premiers aident le mil, des semailles au battage et jusque dans les silos. La lutte contre les seconds passe plus par des pratiques rituelles que par l'application de recettes phytosanitaires traditionnelles. L'assainissement des habitations à l'aide d'un Dorylus dénote une connaissance précise de l'éthologie des insectes. Ce même Dorylus livre, sinon la clé d'une grille classificatoire anthropisée du monde des insectes, du moins illustre-t-il une volonté d'y projeter la structure et les comportements de la société mofu. Aujourd'hui, les Mofu descendent sur les piémonts et vont travailler dans les villes, ainsi perdent-ils progressivement l'intimité qu'ils entretenaient avec leurs insectes.