2017
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Thierry Kouamé, « La construction d’un ordre juridique de l’enseignement. La politique scolaire d’Alexandre III et sa réception jusqu’au concile de Latran IV », Journal des Savants, ID : 10.3406/jds.2017.6394
Le pontificat d’Alexandre III constitue un tournant majeur dans l’affirmation d’une politique scolaire de l’Église. À partir du XIIe siècle, les chapitres cathédraux du sud de l’Angleterre et du nord de la France avaient peu à peu obtenu la reconnaissance des droits scolaires dont jouissaient leurs écolâtres. Mais l’extension de ces prérogatives capitulaires remettait en question les monopoles de nombreuses abbayes et collégiales, provoquant l’intervention du pape au nom de la lutte contre la simonie scolaire. Alexandre III a formalisé l’interdiction de cette pratique dans une série de décrétales systématisées par le concile de Latran III (1179). Le canon Quoniam ecclesia obligeait les écolâtres cathédraux à délivrer gratuitement la licentia docendi, tout en imposant cette autorisation ecclésiastique à quiconque souhaiterait enseigner. Entre Latran III et Latran IV (1215), les successeurs d’Alexandre III s’attachèrent à faire respecter ces principes. Mais la législation pontificale devint surtout un objet d’analyse pour les juristes, qui précisèrent sa portée et ses modalités d’application en adaptant le droit des décrétales à la réalité d’un monde scolaire en plein essor. Ainsi se construisit progressivement un ordre juridique de l’enseignement, sanctionné par un droit scolaire de l’Église, qui encadrait les prérogatives de l’écolâtre cathédral. Quoniam ecclesia forced cathedral schoolmasters to issue the licentia docendi free of charge, while imposing this ecclesiastical authorization on anyone who would like to teach. Between Lateran III and Lateran IV (1215), the successors of Pope Alexander endeavored to uphold these principles. But, above all, the pontifical legislation became an object of analysis for jurists, who specified its scope and implementing procedures by adapting the law of decretals to the reality of a burgeoning school world. Thus a legal order of education was progressively built, sanctioned by a school law of the Church, which gave a framework to the prerogatives of the cathedral schoolmaster.