2003
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Françoise Frazier, « La délibération dans les Vies de Plutarque. Les emplois de bouleuein et de bouleuesthai », Ktèma, ID : 10.3406/ktema.2003.2363
Dans la koinè, le moyen bouleuesthai, souvent simple synonyme de skepsasthai (réfléchir), est beaucoup plus fréquent que l’actif bouleuein, proche de épibouleuein (comploter). La situation est plus complexe dans les Vies : on trouve bien une grande disproportion entre actif (13/14 occurrences) et moyen (121), mais, si rare qu’il soit, le premier, par la variété de ses emplois, illustre la valeur de «conservatoire de la langue » qu’a souvent 1’ œuvre de Plutarque, tandis que le second reste, de par le sujet même des Vies, lié à l’action politique, qu’il s’agisse de délibération collective ou de réflexion individuelle. Deux axes permettent de classer ses emplois : d’abord le rapport avec l’action et, secondairement, le rapport avec le pouvoir et l’organisation des pouvoirs. La délibération n’est qu’une étape et Plutarque privilégie normalement l’action, voire l’esprit de détermination qui en résultent. Lorsqu’il l’évoque elle-même comme une action, dans sa durée (à travers des thèmes verbaux duratifs), il en profite parfois pour indiquer les conseils, réduits à une alternative, qui sont donnés au héros, mais, le plus souvent, il ne détaille pas le contenu et insiste uniquement sur la durée pour faire ressortir et stigmatiser l’irrésolution et l’inaction.