Le sens du tragique dans la mémoire historique. Protestants et républicains dans la Drôme

Résumé En Fr

The sense of tragedy in historical memory. Protestants and republicans in the Drôme department. This article is based on a work carried out in the Drôme department, in search of the traces left by History on a given country. This investigation set forth a discourse connected around two main axes : a very vivid protestant memory, reenforced by a strong republican tradition. This memory is founded on the persecutions led against the Protestants in the Old-Regime : memories of the ordeals suffered by the ancestors form the tissue of the collected discourse, and its historical import. Tragedy appears as the founder of memory. It is the mains-pring in the working of memory which is rooted in the landscape : villages, passes and woods are as many wit-nesses which spacialize and implant it. Following an analogical process, a coherent representation of history is built : in the collected discourse, the persécutions against the Huguenots, the republican insurrection against L. N. Bonaparte's coup d'état in 1851, the anti-nazi Résistance Movement during the last war, appear as different links of a same historical legendary. This «reconstruction » of history is a cernent of the cultural identity.

Cet article s'appuie sur un travail mené dans les départements de la Drôme , le propos étant de partir à la recherche des traces laissées par l'Histoire sur un pays. Cette enquête a mis en évidence un discours articulé autour de deux lignes de force : une mémoire protestante très présente, alliée à une forte tradition républicaine. Cette mémoire est fondée sur les persécutions antiprotestantes d'Ancien Régime : ce sont les souvenirs des épreuves subies par les ancêtres qui font le tissu et le poids historique du discours recueilli. Le tragique apparaît comme fondateur du mémorable. C'est le ressort fondamental du fonctionnement d'une mémoire, qui vient s'ancrer dans le paysage : villages, cols, bois, sont autant de témoins qui spatialisent la mémoire et l'enracinent. Par un processus analogique, se construit une représentation cohérente de l'histoire : persécutions anti-huguenotes, soulèvement républicain contre le coup d'État de Louis-Napoléon Bonaparte en 1851, Résistance anti-nazie lors de la dernière guerre, deviennent dans le discours recueilli les chaînons d'un même légendaire historique. Cette «reconstruction » de l'histoire est un ciment de l'identité culturelle.