1998
Copyright PERSEE 2003-2023. Works reproduced on the PERSEE website are protected by the general rules of the Code of Intellectual Property. For strictly private, scientific or teaching purposes excluding all commercial use, reproduction and communication to the public of this document is permitted on condition that its origin and copyright are clearly mentionned.
André Julliard, « Plutôt «chicoter» l'enfant que lui faire peur ! (Diola Ajamat en Guinée Bissau) », Le Monde alpin et rhodanien. Revue régionale d’ethnologie, ID : 10.3406/mar.1998.1668
Julliard (André). — Plutôt «chicoter» l'enfant que lui faire peur ! (Diola Ajamat en Guinée Bissau). En Afrique noire, les enfants des villes et des campagnes vivent très tôt dans les rues, au sein de leurs classes d'âge. Parallèlement, les dieux, les entités et les puissances surhumaines habitent «réellement» la société des hommes. Ils possèdent un caractère fondamentalement ambigu : tantôt ils aident les hommes ou intercèdent auprès de Dieu, tantôt ils châtient sur ordre divin ou menacent de leur propre autorité la vie sociale. Dans cette continuité du visible et de l'invisible, on n'évoque pas impunément l'un d'eux. Le nommer, c'est déjà l'appeler et ouvrir une relation à l'issue incertaine. Les conséquences sont à risque de mort, et pour l'enfant qui peut être pris de frayeur ou possédé par l'entité, et pour l'adulte qui sera automatiquement accusé de l'avoir «dévoré» (sorcellerie). C'est pourquoi, dans les quartiers comme dans le village, la préférence éducative penche vers la réprimande même sévère ou le châtiment corporel léger. Le Monde alpin et rhodanien, 2e-4e trimestres 1998, Les croquemitaines. Faire peur et éduquer, pp. 131 à 140.