2005
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René Favier, « Les «Sept Merveilles du Dauphiné » : entre mémoire provinciale et instrumentalisations », Le Monde alpin et rhodanien. Revue régionale d’ethnologie, ID : 10.3406/mar.2005.1879
L'invention des «Sept Merveilles du Dauphiné» remonte au XVIIe siècle mais s'inscrit dans une tradition déjà ancienne, inaugurée par Gervais de Tilbury. Instaurant un parallèle avec les Sept Merveilles de l'Antiquité, cette mythologie dauphinoise se fonda d'ailleurs plus sur le chiffre lui-même que sur la liste des sites qui fut longtemps aléatoire selon les auteurs. Le mythe fut très tôt instrumentalisé, d'abord politiquement. Chacune de ces merveilles fut en effet censée représenter une facette du pouvoir royal, manœuvre dénoncée tout au long du XVIIIe siècle par les militants des Lumières. À partir du XIXe siècle, l'instrumentalisation fut d'un autre ordre et le tourisme naissant les vit devenir des curiosités à ne pas manquer. Malgré ces appropriations successives, on ne peut nier que les Sept Merveilles contribuèrent dès l'origine à forger une identité provinciale, s'avérant paradoxalement seules capables d'entretenir une mémoire locale.