2015
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Marion Delcamp, « Les tailleresses de la Monnaie de Paris au travail (1640-1789) », Revue Numismatique, ID : 10.3406/numi.2015.3301
Aucune publication n’a jusqu’à présent eu pour objet les tailleresses des ateliers monétaires français, malgré l’extraordinaire exemple d’emploi manuel qualifié exercé par des femmes à l’époque moderne qu’elles constituent. L’exploitation des archives de la Monnaie de Paris pour la période 1640-1789 a permis d’exhumer de nombreuses sources qui permettent de mieux les cerner. Leur situation est relativement bien connue pour le Moyen Âge et le début de l’époque moderne, période pendant laquelle elles avaient une véritable place au sein du processus de production puisqu’elles étaient chargées de tailler les flans aux ciseaux avant leur impression par les monnayeurs. Elles faisaient à ce titre partie des «officiers particuliers de fabrication » , corps constitué des monnayeurs, des ajusteurs et des tailleresses. Avec l’introduction et la généralisation à partir de 1640-1641 du laminoir, du balancier et surtout du coupoir réalisant désormais leur travail, elles furent affectées à la même tâche que les ajusteurs : limer les flans à l’aide d’écouennes. Le progrès technique a donc provoqué un doublon d’ouvriers pour exercer une même action, l’ajustage. La question du maintien des femmes au sein de l’atelier a assurément dû se poser. Bien que l’organisation médiévale n’ait plus eu de raison d’être en l’état, elle fut cependant maintenue au sein de l’atelier parisien et eut pour conséquence la marginalisation des tailleresses et la dévalorisation de leur travail. Plus tout à fait utiles, mal reconverties, difficilement limogeables, elles restèrent officiellement officiers des monnaies mais se virent peu à peu dépouillées de leurs droits.