2010
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Paul-André Rosental, « Politique familiale et natalité en France : un siècle de mutations d’une question sociétale », Santé, Société et Solidarité, ID : 10.3406/oss.2010.1408
La politique familiale française ne s’est jamais cantonnée au seul domaine de la fécondité. Sa mise en oeuvre par le biais des allocations familiales n’a cessé d’impliquer des questions mul tiples, de la protection sociale aux rapports de genre. Alors que le natalisme, au nom d’un idéal de puissance nationale, visait à peser au sein de l’État, les associations familiales se sont assurées une représentation légitime ébauchée par Vichy et consacrée à la Libération par la création de l’Union nationale des associations familiales (UNAF). Elles se sont efforcées depuis de mettre à jour la pertinence idéologique de la politique familiale : assurer la solidarité intergénérationnelle nécessaire au fonctionnement de la retraite par répartition et de la sécurité sociale, aider à l’accomplissement du projet familial et de la conciliation entre vie familiale et vie professionnelle. Elles ont été aidées en cela par des dispositifs qui, dès l’entre-deuxguerres, ont toléré à défaut d’encourager le travail des femmes et notamment le travail des mères, non sans écho avec les débats contemporains liés aux réformes de l’allocation parentale d’éducation (APE). Dans un cas comme dans l’autre, affleure un même enjeu : comment l’État doit-il arbitrer entre politique familiale, politique sociale, politique d’équité des genres, politique d’emploi, voire politique de naissances puisque l’objectif est rarement absent entièrement de l’horizon ?