1976
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Régis Robin, « La Grande Dépression vue et vécue par une société d'import-export en A.O.F. Peyrissac. (1924-1939) », Outre-Mers. Revue d'histoire, ID : 10.3406/outre.1976.1955
Les Anciens Établissements Charles Peyrissac se transforment en société anonyme en 1908. Cette maison familiale d'import-export réalisait l'essentiel de ses affaires en participant à la traite des produits tropicaux en A.O.F. : le caoutchouc puis l'arachide. Avec un chiffre d'affaires supérieur à la moitié de celui de la S.C.O.A. (120 millions contre 226), exportant 1/20 des produits de traite d' A.O.F., la compagnie paraissait promise à un bel avenir. Les taux de profit originel exceptionnels de l'après-guerre reflétaient cette situation : 115 % en 1922, 60 % en 1924. A partir de 1926, ces taux commencèrent à baisser et cette tendance, accentuée par la crise de 1929, ne se renversera qu'à partir de 1935-36. Face à la crise, les dirigeants de la société se trouvent complètement impuissants, ce que prouvent leurs déclarations au conseil d'administration pour l'exercice de 1933 : « ... nous devons tenir compte que cette crise se terminera bien un jour et nous souhaitons que ce soit bientôt ». Ni la réduction drastique du capital, ni l'appel à la protection de l'État ne se révèlent suffisants pour redresser la situation ; la société frôle la faillite. La reprise ne s'effectue, lentement, que grâce à l'élargissement de la production d'arachide au Sénégal et au Soudan, dû à une plus grande fermeté des matières premières. La société ébranlée par la crise a perdu toutes ses chances de devenir un des « grands » de l'Ouest africain ; son chiffre d'affaires n'est plus que le 1/6 de celui de la S.C.O.A. La crise a, de plus, permis au groupe du baron de Nervo (USINOR) de prendre une place prépondérante au conseil d'administration de la société. La dynastie des Peyrissac allait perdre sa place dirigeante dans la compagnie.