1986
Copyright PERSEE 2003-2024. Works reproduced on the PERSEE website are protected by the general rules of the Code of Intellectual Property. For strictly private, scientific or teaching purposes excluding all commercial use, reproduction and communication to the public of this document is permitted on condition that its origin and copyright are clearly mentionned.
Vincent Joly, « La mobilisation au Soudan en 1939-1940 », Outre-Mers. Revue d'histoire (documents), ID : 10.3406/outre.1986.2546
Soixante mille Soudanais prirent le chemin des casernes entre la mobilisation et l'armistice, tandis que quatre mille furent occupés aux chantiers du barrage de Markala et que plus de quarante mille navétanes travaillèrent volontairement sur les champs d'arachide du Sénégal, cela sur environ six cent vingt mille hommes âgés de vingt à cinquante ans. Le recrutement affecta principalement les cercles de l'ouest et du sud, et surtout le bloc bambara - les Peuls, Soninke, Toucouleurs, ainsi que les nomades échappant en grand nombre à la conscription, souvent par inaptitude physique. Les évolués, en provenance de Bamako et de Kayes, furent noyés dans la masse. La mobilisation s'effectua sans drames : aucun mouvement chez les hamallistes, non plus que chez les nomades. Les évolués souhaitaient clairement être reconnus comme assimilés, donc s'engager dans l'armée française et non pas être incorporés chez les tirailleurs. Si l'armée était prête à reconnaître leurs aspirations, il n'en alla pas de même pour l'administration. A cette ambiguïté aspirations, il n'en alla pas de même pour l'administration. A cette ambiguïté firent pendant d'incontestables manifestations de loyalisme. L'administration pratiqua une politique de propagande dans les milieux musulmans, notamment par le canal de Seydou Nourou Tall, et prit diverses mesures pour combattre l'hostilité des hommes prêts, pour échapper à la conscription, à quitter le territoire. Les résultats témoignèrent de la réalité du contrôle de la population par l'administration. Mais la relative indifférence de la masse et l'attitude des évolués montrèrent que le patriotisme français n'avait pas été vraiment éveillé. Cependant, la défaite de 1940 ne provoqua pas de divorce.