2014
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Julien Meimon, « Faire carrière en Coopération. Les logiques contrariées de la professionnalisation des « développeurs » », Outre-Mers. Revue d'histoire, ID : 10.3406/outre.2014.5113
À la différence d’autres secteurs d’action publique plus institutionnalisés, l’aide au développement n’a jamais bénéficié en France d’une filière unique de formation, d’une grande école et in fine d’un corps professionnel aisément identifiables. La raison principale tient aux conditions historiques de sa genèse, et à une rupture symbolique voulue avec l’ordre colonial, bien que de nombreuses continuités aient en fait persisté. Si bien que l’on ne sait pas véritablement nommer ces jeunes partant servir au loin dans les années 1960 et 1970, «coopérateurs » ou «coopérants » , qui constituent finalement l’armature de la politique française de coopération. Tiers-mondistes, militants, mus par un désir d’ouverture culturelle, ils ont certains traits marquants des générations qui s’engagent aujourd’hui dans l’humanitaire. On analyse ici, à partir d’une enquête de terrain et de différents matériaux archivistiques, leurs carrières professionnelles et morales pour montrer comment elles tendent paradoxalement à contrarier l’émergence d’un métier de «développeur».