2001
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Gilles Andréani, « Gouvernance globale : origines d'une idée », Politique étrangère, ID : 10.3406/polit.2001.5098
Un nouveau concept est apparu dans le domaine des relations internationales : celui de gouvernance globale. Né dans le sillage de la mondialisation de la fin du XXe siècle, il vise à combler le décalage existant entre un marché mondial de plus en plus unifié et un système d'Etats pluraliste. Mais l'idée de la gouvernance globale, sinon le nom, est aussi ancienne que la première mondialisation de la fin du XIXe siècle, quand cette question du décalage entre marché et politique s'est posée pour la première fois, non seulement dans l'ordre interne, mais aussi dans l'ordre international. À quatre reprises au cours du siècle dernier, cinq auteurs se sont interrogés sur la portée et les conséquences de ce décalage : Norman Angell dans les années 1910, Hans Kelsen à la fin de la Seconde Guerre mondiale, Joseph Nye et Robert Keohane dans les années 1970, enfin David Held en 1995. C'est à travers ces précurseurs de l'idée de gouvernance globale qu'est examinée ici la genèse d'un concept qui fait aujourd'hui l'objet de deux lectures antagonistes, aussi schématiques l'une que l'autre, celle des ultra-libéraux et celle des souverainistes.