2001
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Roland Dumas, « Un projet mort-né : la Confédération européenne », Politique étrangère, ID : 10.3406/polit.2001.5109
Quand François Mitterrand lance son projet de Confédération européenne, le 31 décembre 1989, au lendemain de la chute du mur de Berlin, le Vieux continent voit se déliter les structures édifiées par cinquante années de guerre froide : l'Allemagne est à la veille de la réunification, ce qui ne peut manquer de faire pencher l'Europe vers l'Est ; l'Union soviétique assiste impuissante aux progrès de la révolution de velours dans ses futurs ex-satellites ; et les États-Unis de George Bush prennent déjà des dispositions pour affirmer le leadership américain sur l'évolution de l'Europe. Dans ce contexte, le projet du président français a pour ambition, bien avant que soit envisagé l'élargissement de la Communauté européenne — pas encore baptisée Union — à l'Est, d'offrir aux pays de l'Europe orientale, sans en exclure l'URSS, un cadre de coopération politique proprement européen, c'est-à-dire sans les Etats-Unis. C'est, bien évidemment, sur ce choix de Moscou contre Washington que la Confédération européenne échouera avant même de naître, le 13 juin 1991, aux Assises de Prague — victime, peut-être, de sa trop grande précocité.